L'objet de la présente communication est de suggérer une réponse à la question que tout économiste, orthodoxe ou non, s'est un jour ou l'autre posée : échange et pouvoir peuvent-ils coexister au sein d'une théorie économique unique ? Et si oui, à quelles conditions ?
Partant du paradoxe qu'une économie d'échange possède les mêmes propriétés qu'une économie de prédation (dans le formalisme Arrow-Debreu), à savoir existence et optimalité de l'équilibre général, le papier propose de fonder la coexistence de relations d'équivalence et de subordination au sein de la médiation monétaire. Il s'agit là d'aller au-delà de l'échange et de la prédation en construisant un discours quantitatif cohérent à partir de trois axiomes monétaires : unité de compte (au lieu de l'espace des biens), individus conçus comme des comptes (et non comme des dotations initiales et des préférences), relations économiques comme transferts d'unités de comptes (et non comme échange équivalents de biens).
L'équivalence et la subordination se lisent dans la forme de la circulation monétaire, selon la façon dont les individus obtiennent les moyens de paiement (par accès direct au processus d'émission ou de façon indirecte par des paiements dérivés). Le processus d'émission, réduit à un paramètre dans la théorie académique, est au centre de l'économie. C'est la place des individus relativement à l'émission des moyens de paiement qui détermine les hiérarchies économiques.